Le magazine français CRiP a interviewé notre collègue Eléonore Varet sur le sujet des femmes dans l'informatique. Voici l'interview :
Eléonore Varet ne devrait logiquement pas être Président & CEO de la filiale française du groupe USU, fournisseur européen de solutions IT. Elle était avocate au barreau de Paris pendant plus de 10 ans. Pourtant, cette ancienne avocate qui vient de publier un premier roman – La Somnambule et le plafond de verre – fait carrière dans la tech. Un parcours inspirant pour celles qui hésitent à entrer dans le monde de l’informatique a fortiori quand elles n’ont pas une formation de départ dans ce domaine.
Quel est votre métier aujourd’hui ?
Je suis en charge des opérations et du développement commercial des activités en France d’USU. J’anime une équipe de 30 personnes pour accompagner nos clients dans le déploiement de nos solutions de gestion et d’optimisation des coûts logiciels.
Comment s’est effectué ce virage à 180 degrés, du droit vers la tech ?
Une rencontre. Maxime Pawlak, ancien Président d’USU en France, m’a fait venir comme bras droit avant que je prenne sa succession. C’était un ancien client et partenaire lorsque j’étais avocate et il m’a proposé de le rejoindre pour structurer la société et la développer. Il m’a donné ma chance avec la conviction qu’en tant qu’avocate ayant développé la pratique IT d’un cabinet international, j’avais une bonne vision à 360 degrés. De mon côté, j’ai eu l’intuition que c’était une bonne opportunité et je me suis lancée !
Avez-vous fait face à de l’incrédulité ou des préjugés ?
Assez peu au départ, l’équipe a été accueillante et j’ai trouvé ma place rapidement. Lorsque le board d’USU m’a demandé de reprendre le mandat social de Président, peut-être que certains ont été un peu déroutés. Cela dit, c’était moins lié à mon parcours qu’à mon intégration récente dans la structure. Les préjugés se sont dissipés avec les bons résultats.
La maîtrise technique a-t-elle été une difficulté pour la juriste de formation que vous êtes ?
En tant qu’avocate en IT, j’avais un premier niveau de compréhension technique qui m’a été utile. Il reste néanmoins des lacunes et j’ai très souvent besoin d’échanger avec mon équipe pour avoir une meilleure compréhension des enjeux techniques de nos clients. La collaboration est la clé, chacun partage son expertise.
Quelles sont les satisfactions que vous procurent ce métier et ce secteur d’activité ?
C’est un secteur très compétitif et en évolution constante avec des succès rapides. L’innovation et la créativité nourrissent beaucoup la curiosité. Les échanges sont nombreux et riches avec des profils extrêmement variés.
3 conseils aux jeunes femmes qui hésitent à se lancer dans la tech.
Il y a une pénurie de talents et de très belles opportunités. La mixité et la valorisation des femmes est importante également dans ce secteur. Je leur conseillerai d’abord de ne pas se censurer et de se donner cette possibilité d’évoluer dans un secteur porteur, de s’intéresser aussi aux activités d’associations comme Femmes@Numérique pour s’informer et enrichir leur projet et de croire en leur réussite.
La dernière innovation qui vous a bluffée ?
Les NFT qui permettent de tracer l’authenticité d’une propriété numérique. C’est une révolution dans le monde de la création qui soulève beaucoup de questions. En même temps, c’est une innovation très volatile et il est difficile de dire si elle s’inscrira dans le temps.
La femme qui vous inspire au quotidien ?
En ce moment, Annie Ernaux, écrivaine française et prix Nobel de littérature. L’écriture est sa vie, ça m’inspire puisque j’aime tant la littérature.
Le CRIP c’est quoi pour vous ?
Un cercle d’échange avec les acteurs clés de l’IT qui permet de partager les grandes tendances, de connaitre les grands projets de nos clients et de développer un réseau solide.
La femme de tech de que vous nous recommandez pour prendre votre suite dans le prochain ITW ?
Christine Debray, directrice de la transformation numérique du Ministère de la Culture
Eléonore Varet en 3 dates (tu nous donnes 3 dates et 3 événements correspondant)
1997 – j’arrête la danse classique et le cursus sport-étude pour revenir en seconde littéraire générale à l’école bilingue
2006 – après l’obtention du certificat d’aptitude à la profession d’avocat et d’un mastère HEC, je commence à travailler chez Linklaters
2020 – je suis nommée Présidente et CEO d’USU